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Le tableau qui crie
samedi 7 novembre 2009
Copie de la mise en forme du travail sur la fresque de Guernica, également accessible en ligne sur http://le tableauquicrie.com .
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Un groupe d’enfants venant du centre de loisirs de la ville de Paris, Noguères 19ème arrondissement, a été en résidence du 26 octobre au 7 novembre 2009 dans l’atelier restauré de Picasso, rue des Grands Augustins à Paris, 6e arrondissement pour réaliser une toile peinte de 7,80 m x 3,50 m au format de la toile Guernica.
Ainsi les enfants de France, en envoyant un message de paix à d’autres enfants du monde nous interrogent sur la violence de notre société contemporaine, sur les émotions qui nous traversent face aux tragédies petites ou grandes de notre environnement quotidien.
En travaillant ensemble sur ce projet de création originale, en collaboration avec l’association Fabrication Maison, et le Centre Paris lecture, les enfants développent par l’art une sensibilité, une imagination et une prise de conscience nouvelle qu’ils partagent : être acteurs de leur vie, de leur ville en tant que citoyens du monde.
John Berger
On décrit John Berger comme « poète », « critique d’art », voire par moments comme « écrivain marxiste ». Qu’importe les étiquettes...
Pour nous, ce monsieur de 84 ans est d’abord un attentif, un attentionné. Depuis plusieurs années, il s’intéresse et souhaite lire et voir ce que les enfants sont capables de produire. Alors, de temps en temps, je passe chez lui, un paquet sous le bras. Il s’en empare, s’assied à sa table et lit scrupuleusement. Il souffle, grogne, s’exclame. De temps en temps, sans quitter sa lecture, il me pose une question. Je réponds comme je peux, rapidement. Je sais que ce qui importe c’est ce qu’il est en train de lire.
Au bout d’une demi-heure, il tourne et retourne les feuilles, revient à telle ou telle, s’attarde, repart.
Une fois qu’il a terminé la lecture du « dossier Guernica », il est resté un long moment à souffler, grogner, se gratter la tête... Visiblement il se passait quelque chose pour lui, chez lui. Quoi ? Je ne l’ai su que quelques jours plus tard.
Je vais régulièrement voir John. C’est lui qui me dit si nous (enfants et adultes) avons bien travaillé. Il ne le dit pas par quelque compliment plus ou moins convenu, quoique venant de sa part, de ce qu’il est, de ce qu’il a fait, c’est déjà important. Il répond au travail des enfants par un trait d’intelligence. Nous n’avions pas lu ce qu’il a lu, nous n’avions pas vu ce qu’il a vu et pourtant nous avions les mêmes documents.
En contact avec les grandes intelligences de notre temps et du passé, John s’attarde et donne de son temps à lire le travail des enfants. Il les place ainsi sur le même plan d’importance.