Le célèbre des grimaces

Robert : - Mémé, moi quand je serai grand je veux être célèbre…

Mémé : - C’est pas un métier, ça, mon grand.

Robert : - Comment ça, pas un métier ! Pourtant on gagne plein d’argent quand on est célèbre, non ?

Mémé : - Tu sais, Bébert, il y a quand même pas mal de gens qui gagnent de l’argent sans pour autant travailler.

Robert : - Moi, l’argent c’est pas grave. Ce que je veux c’est être célèbre. Même un célèbre pauvre.

Mémé : - Alors tu seras célèbre après ta mort. Parce que quand tu es célèbre et vivant, ta punition c’est aussi d’être riche.

Robert : - Bon, d’accord. Je prends aussi l’argent. Tant pis. Mais comment on fait pour être célèbre ?

Mémé : - Tu as le choix. Soit tu vis tous les jours avec des célèbres. Tu as des relations comme on dit, « un carnet d’adresses ». Soit tu fais quelque chose que personne n’a fait avant toi.

Robert : - Un record, quoi…

Mémé : - Non. Pas un record. Parce qu’un record est fait pour être battu. Et quand il l’est, tu n’es plus célèbre. Non. Il faut faire une œuvre. Il faut être très fort dans un domaine. En quoi, tu es fort, mon Bébert

Robert : - Je suis très fort en châteaux de sable. Je suis aussi très fort en dessins à la maîtresse.

Mémé : - Bon. Pour les châteaux, tu as intérêt à ce que la mer ne monte pas. Parce que ton œuvre, elle va vite disparaître et ta célébrité aussi. Pour ce qui est des dessins à la maîtresse, je te conseille de voir si tu ne peux pas faire une exposition dans une galerie pour que les journalistes et les spécialistes d’art puissent admirer, faire de grands articles sur toi, te faire connaître.

Robert : - Bon, pour les châteaux, c’est mal parti. Et pour les dessins aussi. C’est la maîtresse qui les prend et je ne sais pas où elle les met. Je vais peut-être me mettre aux grimaces. Je suis très fort en grimaces. Je suis sûr que je peux devenir le « célèbre des grimaces ».